RETRAITES : Une réforme, oui, mais une bonne réforme !

Publié le par Enoch

Alors que la journée de mobilisation contre la réforme des retraites bat son plein, Debout la République rappelle que les Français sont prêts à la réforme, mais pas à une réforme inefficace, qui pénalise le plus grand nombre au profit des plus favorisés. Ce projet gouvernemental, qui semble dicté par Moody’s & Co, est tout bonnement inacceptable car il menace profondément la cohésion sociale de notre pays telle que l’a mise en place le Conseil National de la Résistance à la Libération. Le gouvernement a tenté de brouiller les pistes avec une fausse concertation mais tous ses faux-fuyants ont échoué. Il apparaît désormais très clairement que le passage de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein est inacceptable, puisqu’il va toucher de plein fouet les salariés les plus exposés et les plus fragiles - au premier rang desquels les femmes - les plongeant par dizaines de milliers dans la misère.

Mais alors, comment réformer les retraites ?

Debout la République expose ses propositions.

Avec la publication du rapport du COR, la question des retraites a pris une tournure biaisée. Disons-le tout net, ce rapport est absurde et constitue une approche inappropriée de la réforme des retraites. Les projections du COR sont absurdes car elles anticipent à 40 ans de distance ce que serait, à rythme de croissance constant, l’ampleur des déficits du régime de retraite. Ce faisant, on inscrit dans le marbre sur une période beaucoup trop longue les difficultés qui sont justement la cause, dans la France de ce début de XXIème siècle, de l’insuffisance de création de richesse, première cause du déséquilibre des caisses de retraite.

En cherchant ainsi à noircir le tableau pour imposer une réforme obligatoirement injuste, on dramatise la situation, comme en témoigne l’ampleur bien moins importante qu’on veut le dire du « trou » des retraites aujourd’hui – moins de 10 milliards de déficit à rapporter aux 250 milliards d’euros et plus versés chaque année sous forme de pensions ! La conséquence de cette irresponsable dramatisation n’est que trop prévisible : des Français encore plus inquiets, augmentant leur épargne et diminuant leur consommation, engluant davantage encore la France dans la récession.

Bref, on se résigne à partager le « gâteau » d’une richesse nationale stagnante en parts toujours plus petites, au lieu de le faire grossir pour maintenir des niveaux de pension corrects. Le tout sans voir l’effet dépressif de long terme ainsi généré sur l’économie française qui risque bel et bien, au final, d’entraîner le pays dans une spirale de paupérisation absolue et de transformer les prévisions du COR en prophétie auto-réalisatrice…

La vraie urgence est de faire grossir le « gâteau » en créant des emplois par le rétablissement de la compétitivité française, seul moyen de vaincre par le haut le déficit structurel des retraites. Cela signifie une politique d’électrochoc à laquelle se refusent les élites. Cela implique une action au niveau national et au niveau européen :

Au niveau national

la baisse de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices ;

la forte baisse des charges sociales : si on avait engagé les 18 milliards annuels de la loi TEPA pour aider les PME à investir, on n’en serait pas là aujourd’hui ! ;

la création, comme en Allemagne, d’une « TVA sociale » partielle, mettant progressivement à contribution les produits importés au financement de la protection sociale et diminuant, à terme, de 25% de coût net des biens français à l’export ;

la remise en cause de l’oligopole bancaire dont les abus tarissent l’investissement dans l’économie productive.

Au niveau européen

la sortie de l’euro pour dévaluer la monnaie et relancer l’économie française ;

la lutte contre le libre échange déloyal des pays émergents, Chine en tête, à l’origine de la perte de substance économique de la France (charrettes des délocalisations et des « plans sociaux ») ;

l’incitation à acheter les produits « fabriqué en France » pour mobiliser les Français autour de leur économie et responsabiliser leurs achats,…

Cette liste de mesures, non-exhaustives, provoquerait un vrai redressement de l’économie française, transformant le dynamisme démographique de notre pays - aujourd’hui un handicap avec des millions de bras inactifs - en véritable atout, faisant fondre les déficits et les dépenses « d’infirmerie sociale » tout en augmentant parallèlement les recettes.

Une telle évolution serait probablement susceptible de résoudre l’effet de ciseaux apparemment inextricable qui menace aujourd’hui la retraite par répartition : de plus en plus de pensionnés face à un volume structurellement insuffisant de cotisants.

Bien évidemment, la priorité donnée au rétablissement de la compétitivité n’interdit pas en parallèle le lancement d’une réforme sérieuse des retraites, en prenant le temps d’aboutir à des mesures transparentes et consensuelles, garantes de justice et donc d’efficacité.

Il s’agirait alors :

d’unifier les régimes publics / privés,

d’instaurer une retraite-plancher sur le modèle suédois (empêchant la paupérisation des retraités modestes),

de moduler l’âge légal de départ en fonction de la pénibilité (prenant ainsi en compte la hausse de l’espérance de vie), par exemple dans le cadre d’un système de retraites à points calqué sur le modèle suédois (plus juste, plus transparent et plus rationalisé que son homologue français),

de créer une contribution plus juste des revenus du capital au financement des caisses, avec la création d’une taxe Tobin et d’une taxe sur les banques,

d’allonger progressivement la durée de cotisation pour tenir compte de l’allongement de la durée de vie, dès lors (et dès lors uniquement) que le taux d’activité des seniors augmentera substantiellement et permettra ainsi de rendre viable cette évolution. C’est une mesure de loin préférable à la fin de la retraite à 60 ans, qui pénalisera ceux qui ont débuté très tôt leur vie active, souvent dans des métiers pénibles.

On le voit, il s’agirait rien moins que de refonder le pacte social de la Libération à l’aune des évolutions sociologiques lourdes de la France de ces 60 dernières années, non pas de le démanteler comme cherche en réalité à le faire une réforme qui ne dit pas son nom.

Discussion générale sur la réforme des retraites : rappel de l’intervention de Nicolas Dupont-Aignan à la Tribune de l’Assembleé Nationale

Reforme des Retraites Discussion Générale Séance du 8 Septembre 2010 à 15h00 Mes Chers Collègues,

Les Français savent qu’il faut une réforme des retraites, mais, à juste titre, ils doutent de la vôtre et ce pour deux raisons :

Il n’y aura pas de réforme réussie sans s’attaquer vraiment au chômage de masse qui gangrène notre pays.

Il n’y aura pas de réforme réussie qui ne soit simple et juste.

Quand comprendra-t-on tout d’abord, que les déficits des comptes sociaux s’expliquent principalement par le chômage de masse qui gangrène notre pays ? 20 ans de ce Munich économique et social que décrivait de façon prémonitoire notre très regretté Philippe Seguin.

Au risque de vous choquer, l’enjeu ce ne sont pas les retraites.

L’enjeu c’est la compétitivité du pays.

Face à une voiture dont le moteur a des ratés, que fait le bon garagiste ? Il allège la voiture en enlevant les accessoires ou il s’attaque à l’essentiel, il répare le moteur.

Avec 500 000 chômeurs de moins, le problème des retraites est déjà en partie résolu. D’autant, et c’est important de le rappeler, que nous avons la chance en France d’avoir une démographie dynamique qui garantit la pérennité de la répartition.

Mais s’attaquer à la compétitivité du pays, de ses entreprises, c’est oser briser des dogmes :

La TVA sociale, seul moyen de baisser les charges que refuse la gauche La baisse de l’IS pour les entreprises qui investissent en France La mise au pas du secteur bancaire pour qu’il finance nos PME au lieu de les vampiriser Et puis le dogme de l’Euro qui nous asphyxie, le dogme du libre échange déloyal.

On peut faire toutes les réformes de retraite possible, sans relance de l’emploi, il n’y aura pas d’issue.

Nous nous retrouverons ici pour nous chamailler sur la répartition du gâteau alors que nous devrions nous unir pour le faire grossir.

Mais il n’y aura pas de réforme réussie si elle n’est pas juste et lisible, en un mot légitime.

Si je comprends et je soutiens votre volonté de passer à 62 ans le départ à la retraite, je ne pourrai jamais approuver la prolongation de 65 à 67 ans pour la fin de la décote.

Un journal récent nous disait que cette mesure rapportait 4 milliards d’Euros. Mais a-t-on imaginé le coût pour la société de ces centaines de milliers de retraités qui vont se retrouver dans une situation misérable ?

Je pense aux femmes qui n’ont pas de carrière complète, je pense aux plus modestes.

Et au même moment, aucun effort réel n’est demandé aux plus aisés et aux revenus du capital. Une taxation plus nette des stock-options, un effort des plus riches, permettraient de compenser la suppression de cette mesure inique, indigne et inefficace. Et que l’on ne nous dise pas que les autres pays en tireraient profit ; l’Angleterre et l’Allemagne ont considérablement durci la fiscalité des plus aisés.

Les Français savent qu’il faut fournir un effort mais ils ne comprennent pas pourquoi toujours ce deux poids, deux mesures qui s’apparente à un clientélisme de classe.

Alors, que devrait être cette vraie réforme, cette modernisation, de la retraite par répartition ? Reporter à 62 ans l’âge minimum du départ à la retraite pour tenir compte de l’augmentation de l’espérance de vie, pourquoi pas, mais en veillant à ne pas reporter le seuil de la retraite, sans décote, à 67 ans, en faisant aussi ce qu’il faut pour assurer l’emploi des seniors, et en instituant une réelle prise en compte de la pénibilité, par métier. Mais il faudrait aller encore plus loin :

Unifier les régimes public / privé. Instaurer un système à points sur le modèle suédois en le mettant en place progressivement, comme l’a fait l’Italie. Sans oublier une contribution plus juste des très hauts revenus et patrimoines, dont l’augmentation a été exponentielle ces dernières années.

En définitive, cette réforme a plus pour objet de servir de marqueur idéologique pour la droite comme pour la gauche.

Malheureusement pour les Français, ce ne sont pas ces fausses postures qui vont résoudre les problèmes.

L’enjeu est tout autre : relancer la croissance, rétablir la justice sociale.

L’effort de tous au profit de tous.

Publié dans politique

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