La France est passée tout près de la banqueroute

la France est passée tout près de la banqueroute

Un collaborateur de Rebelles.info vient de me livrer une information capitale. Durant la semaine qui vient de s'écouler la France est passée tout près de la banqueroute. Dans les heures ou les jours qui suivent des fuites plus conséquentes vont certainement se produire. Je vous livre donc ici, dans l'urgence, la nature des révélations que notre chroniqueur m'a gratifié.

Vous avez sans doute remarqué depuis quelques jours qu'il existe une grande cacophonie au sein de l'UMP. Plusieurs membres de la majorité critique ouvertement l'action gouvernementale : Rama Yade, Jean-Pierre Raffarin, Lionel Lucas etc.... Et surtout, Eric Woerth ministre du budget. Ce dernier sur i-Télé a estimé concernant le montant de l'emprunt national voulu par Nicolas Sarkozy que "plus la fourchette est basse, mieux le ministre du budget se porte". Il a jugé "irréaliste" de fixer à 100 milliards d'euros le montant du grand emprunt voulu par le président de la République. Immédiatement Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, est monté au créneau pour s'en prendre au ministre du budget : "toujours mettre en avant des arguments techniques qui n'existent pas et qui sont infondés, ça m'agace (...) on peut faire un choix politique, le président de la république le fera, de 20, 30, 50 ou 100 milliards mais c'est un choix politique ! Personne ne peut dire scientifiquement, techniquement, que tel ou tel choix est réaliste ou irréaliste !".

Cette passe d'armes surprenante n'a pas fait les grands titres des journaux. Elle est pourtant à l'origine du plus grand frisson gouvernemental depuis le début de la présidence de Nicolas Sarkozy. Car ce bras de fer n'est pas passé inaperçu pour tout le monde. Les trois agences de notation financières les plus connues, Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, chargées de la notation financière des acteurs économiques sont intervenues. Elles ont fait discrètement savoir aux autorités françaises qu'un emprunt trop important de la France les obligerait à abaisser sévèrement la note de notre pays. Elle pourrait passer d'un AAA à un BBB. Une telle dégradation de la notation serait catastrophique. Cela conduirait à un renchérissement du coût de la dette (hausse du taux d'intérêt, pour intégrer une prime de risque plus élevée) mais surtout plus aucune banque, aucun investisseur, aucun Français ne voudra prêter de l'argent à l'Etat français. Celui-ci ne pourra plus faire face à ses dépenses journalières et se déclarera en cessation de paiement, encadré par le FMI et l'Union européenne. Il ne pourra plus payer les retraites, les salaires de ses fonctionnaires, les remboursements médicaux. L'Etat devra aussi vendre des hôpitaux, des universités, des écoles…

Inutile de vous dire que l'avertissement d'outre-Atlantique a fait mouche. Le Premier ministre François Fillon, d'habitude si discret, n'a pas hésité à tacler le conseiller spécial du président de la République. Une grande première qui démontre à elle seule la gravité de la situation. Il a ainsi déclaré à propos d'Henri Guaino : "Le pouvoir exécutif était totalement en dehors de cette démarche. Les conseillers du président ne font pas partie de l’exécutif !". Je le répète et j'insiste là-dessus, c'est la première fois que le Premier ministre ose s'en prendre directement à un conseiller de Nicolas Sarkozy.

Conséquence de la panique qui a soufflé parmi nos élites : la présidence de la république vient de déclarer aujourd'hui que le montant de l'emprunt sera inférieur à 50 milliards car l'on estime désormais à l'Elysée que le chiffre de 100 milliards est "déraisonnable". Henri Guaino pourra désormais méditer sur le fait que la France n'a plus le pouvoir de faire des choix politiques. Nicolas Sarkozy ne peut plus faire ce qu'il veut. La France est désormais tenue de faire des choix pragmatiques, des choix douloureux, des choix drastiques. Remercions Eric Woerth pour son courage politique et sa lucidité.

David Bescond pour Rebelles.info