Identité nationale : le débat détourné

Publié le par Enoch

Le quotidien Le Monde a publié jeudi 5 novembre un point de vue de NDA à propos du débat sur l’identité nationale, lancé par le gouvernement. Nous en proposons ici une version augmentée.

L’identité nationale n’est pas un slogan électoral !

Pauvre Nation ! Après avoir été abandonnée, raillée, la voilà désormais, à la veille de chaque échéance électorale, instrumentalisée comme on sort une vieille relique lors des grandes processions.

L’identité nationale est à la mode !

Cruel paradoxe de voir ceux qui ont toujours moqué « l’exception française » soudain s’en emparer pour masquer l’échec de leur politique qui, de fait, la remet en cause.

Car l’identité nationale n’est pas un objet qu’il faudrait, à intervalles réguliers, vénérer pour faire oublier la dureté des temps ; pire en faire un thème de discorde pour rassembler le camp des soi-disant « bons Français » contre celui des « mauvais ».

L’identité nationale doit, à l’inverse, être une dynamique de rassemblement, sous-tendue par des valeurs, une histoire partagée, une pluralité de terroirs et d’arts de vivre, des institutions et les grandes lignes d’un projet de société. Qu’est-ce qu’être français ? C’est un « vouloir vivre ensemble », assis sur un tempérament collectif patiemment mûri par les siècles, qui suppose des politiques publiques ambitieuses au service d’un idéal.

Car oui ce plébiscite de tous les jours, cher à RENAN, ne tombe pas du ciel pour être partagé par le plus grand nombre. Il doit être ardemment désiré et méticuleusement bâti par les Elus du peuple.

Ce vouloir vivre ensemble a un nom : la République.

Il a un idéal : liberté, égalité, fraternité.

Il a un acteur central, l’Etat, creuset de la Nation à travers les âges, qui, par delà les régimes et les alternances, demeure le gardien de l’intérêt général, contre l’emprise des féodalités et des intérêts particuliers.

Enfin, ce vouloir vivre ensemble a une langue, le français, qui fédère les citoyens et forge la communauté nationale, en lui offrant notamment le socle d’une civilisation singulière.

Cette République française est exigeante avec, en premier lieu, un devoir d’exemplarité que les anciens appelaient la vertu. Une vertu qui doit être incarnée par ses élites si elles veulent être suivies. Comment le pourraient-elles aujourd’hui tant elles font honte ?

La République est exigeante car elle doit apporter l’ordre et le progrès. Or, de nos jours, l’anarchie économique s’accompagne de la régression sociale et du désordre dans la rue.

Il ne sert à rien d’organiser des débats dans les Préfectures sur l’identité nationale si la souveraineté populaire, le pouvoir du peuple par le vote de décider de son propre destin, est transférée à Bruxelles ; si l’on réduit les effectifs de Police et que l’Etat régalien n’a plus les moyens de jouer son rôle ; si l’école n’incarne plus un espoir de promotion sociale ; si on laisse se développer les ghettos et les communautarismes contraires à l’indépassable unité du peuple français et à une citoyenneté laïcisée qui définit, précisément, l’appartenance à la Nation ; si l’Etat aménageur du territoire déserte, livrant à elles-mêmes des collectivités locales fiscalement rabougries et ne pouvant compter que sur la mise à contribution de leurs propres habitants pour équilibrer leurs comptes ; si les responsables politiques, économiques et scientifiques laissent tomber le français ; si la fiscalité tond les classes moyennes et épargne les plus riches ; si, enfin, les services publics sont privatisés tandis que les entreprises délocalisent à tour de bras et n’offrent plus les emplois qui permettent de vivre dignement.

En définitive, la République est exigeante car elle suppose avant tout le respect du peuple. Un peuple qui n’est pas dupe de la démagogie et de l’impuissance publique qui sont, en fin de compte, les deux faces d’une même médaille : celle du renoncement au modèle français.

L’introspection collective sur l’identité nationale, à laquelle prétend nous inviter le pouvoir, devrait mener à revisiter et remettre en perspective ce qui nous rassemble tous, fondamentalement, par delà les origines, les religions, les chapelles, les intérêts et les partis. Ce, afin de rendre plus forts les Français du XXIème siècle, de leur rendre amour et estime de leur pays. « Le patriotisme, c’est aimer son pays, le nationalisme, c’est détester celui des autres. », affirmait Charles de Gaulle. Oui, nous avons besoin, à nouveau, d’estimer et d’aimer la France pour ce qu’elle est, en en acceptant l’identité politique, linguistique et historique. Non, il n’est pas souhaitable de la réduire, par électoralisme, à une définition ethnique et culturelle, nationaliste, au prix d’un renoncement à son modèle d’assimilation républicaine.

En cédant à la tentation de fourvoyer le débat sur l’identité nationale, Nicolas Sarkozy va affaiblir la Nation parce qu’il va la diviser là où il devrait la rassembler, et parce qu’il va l’enfermer dans la fausse alternative entre, d’un côté, un nationalisme antirépublicain et, de l’autre, un communautarisme antinational.

Alors oui, l’identité nationale retrouvera sa dynamique quand l’action publique redonnera un sens au fait d’être français.

Nicolas DUPONT-AIGNAN Député de l’Essonne Président du Rassemblement Gaulliste Debout La République

Publié dans politique

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