Eté meurtrier sur la crise financière : le pire commence déjà aux Etats-Unis, l'Europe va suivre.

Publié le par Enoch

L'été meurtrier

Fini de rire ! C'est ce qui me vient à l'esprit lorsque j'envisage les six prochains mois. Ce que je n'ai cessé de dénoncer dans mes articles depuis l'automne 2008 (Dossier crise financière), l'explosion de la bulle des déficits publics, va immanquablement se produire. En vérité le processus est déjà enclenché. Hier l'Etat de Californie a été officiellement déclaré en cessation de paiement. Pour pouvoir fonctionner l'Etat va désormais... signer des reconnaissances de dettes à ses créanciers. Dettes qu'il honorera lorsqu'il le pourra puisqu'aucune échéance de rembousement n'est fixée. Il n'est donc pas évident que les prêteurs se bousculent pour être "payés" en monnaie de singe. D'autant plus que les banques américaines ne semblent pas vouloir accorder la moindre valeur à ces reconnaissances de dettes. Cette double défiance ne manquera pas d'aggraver la situation financière des caisses publiques de la Californie. Cette situation n'est pas sans rappeler une scène célèbre du film "Dumb et Dumber" avec Jim Carrey lorsque le malfrat se rend compte que les deux idiots ont dépensé tout le fric pour le remplacer par... des reconnaissances de dettes.



La Californie ouvre la voie mais sept autres états sont déjà au bord de la faillite : Arizona, Connecticut, Kentucky, Mississippi, Caroline du Nord, Ohio et Pennsylvanie. Bien entendu tout cela ne pas être sans conséquence sur l'économie américaine. Depuis mars les "experts" nous jouent la pièce "Ami ne vois-tu rien venir ? La reprise arrive" provoquant une hausse artificielle des bourses mondiales. Et bien autant vous le dire tout de suite : retirez vos billes de la bourse ! Car la vague des faillites des Etats américains va provoquer une vague de chômage massif ainsi qu'une vague de défiance sans précédent envers le dollar et les bons du trésor américain. Ceux qui pensent qu'on a vu le pire vont rapidement déchanter. Ils vont s'apercevoir que tous les problèmes vont resurgir car ils ont juste été enfouis sous des masses immenses d'argent public.

C'est ce que vient d'anticiper le président de la banque britannique HSBC, Stephen Green, qui a estimé récemment que "la crise financière était loin d'être terminée. Nous ne pouvons même pas dire que le pire est passé ou que la voie se dégage". Et de citer la persistance des déséquilibres macroéconomiques, des conditions de crédit floues et une abondance de transactions potentiellement dangereuses dans certaines parties du secteur financier actuellement.

Mais ce qui se passe aux Etats-Unis va très vite arriver sur notre continent. La lettonie sera le premier domino dont la chute entraînera les autres. La Lituanie et l'Estonie mais également l'Ukraine, la Pologne, la République tchèque, la Suède etc...

Quant à la France... nous sommes au bord du précipice. Dernièrement j'ai pu lire quelque chose d'aberrant dans le Figaro. Le quotidien conservateur notait que la dette de la France avait doublé en douze ans mais que cela ne portait pas vraiment à conséquence car la dette de la France conservait la meilleur note "AAA" par les agences de notation. Tout va bien madame la marquise... Sauf qu'à la différence des Etats-Unis, dont la dette est détenue seulement à 28 % par des étrangers, la dette française est détenue à 66 % par des étrangers. Quelle importance ? Enorme. Que les agences de notation décident de dégrader la note de la France et toutes les banques centrales, les fonds de pension ainsi que les fonds souverains se détourneront brutalement des OAT (Obligation Assimilable du Trésor) émises par l'Agence Française du Trésor. La France se retrouvera soudainement en cessation de paiement. Comme la Californie. Or de plus en plus de professionnels commencent à critiquer la France pour son absence de toute perspective de maîtrise des déficits publics. Il commence à se murmurer que la dégradation de la note de la France est désormais envisageable.

Nicolas Sarkozy le sait. Il en a peur. Sa parade ? La fuite en avant avec un emprunt national. Pour quoi faire ? "Pour investir massivement dans des secteurs porteurs d'avenir (...) les biotechnologies, l'énergie du futur, les voitures électriques, un certain nombre de secteurs dans le domaine alimentaire ou la santé, l'éducation en général, l'enseignement supérieur et la recherche." Quel Aveu !!! Autrement dit la France est tellement endettée qu'elle doit souscrire un nouvel emprunt, donc s'endetter davantage, pour pouvoir financer les investissements d'avenir.

Situation ubuesque qu'a parfaitement résumé Jean-Michel Apathie : "Cela veut dire que l'endettement courant, celui qui est opéré tous les jours sur les marchés financiers, ne sert plus qu'à financer les déficits courants et ordinaires, que nous sommes maintenant devant une catégorie particulière d'emprunt, l'emprunt extraordinaire qui finance l'avenir, l'emprunt ordinaire finançant le passé. Il s'agit là d'une manifestation spectaculaire des effets de la crise (...) Quelques chiffres permettent de fixer les idées. Le déficit budgétaire prévisible pour 2009 est de 150 milliards d'euros. Il devrait en aller de même pour 2010. Selon plusieurs économistes, il s'agit là d'hypothèses réalistes, ou basses. Ainsi, l'endettement public pourrait progresser de 300 milliards d'euros en deux ans. Il faut y ajouter la perspective de l'emprunt, dont l'ordre de grandeur est de 100 milliards d'euros. Ainsi en seulement deux années, la France pourrait accroître son endettement de 400 milliards d'euros. Ce chiffre ne prend sa signification que si on le confronte à la totalité de l'endettement accumulé en France depuis trente ans. A la fin 2008, selon la Cour des comptes, il était légèrement supérieur à 1400 milliards d'euros. On comprend donc qu'en deux ans, 2009 et 2010, l'escalade est proprement vertigineuse. La Cour des comptes, toujours, indique que pour l'année 2008, la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts acquittés par l'Etat français auprès des emprunteurs, s'est élevée à 54 milliards d'euros, davantage que le produit de l'impôt sur le revenu. Si dans les deux années qui viennent la dette s'alourdit dans les proportions évoquées plus haut, la charge de la dette, encore une évaluation de la Cour des comptes, pourrait avoisiner les 80 milliards d'euros."

Et voilà qu'on apprend qu'au sein du gouvernement français existe un débat pour savoir si cet emprunt national sera obligatoire. Non vous ne rêvez pas ! Nos élites envisagent le plus sérieusement du monde que les Français soient dans l'obligation de prêter leur argent à l'Etat français. Quand des particuliers utilisent cette méthode cela porte un nom : du racket. C'est dire si la situation est grave. Ce débat est très révélateur de la panique qui gagne nos couches dirigeantes. Si devant les caméras on fait semblant de maîtriser la situation, en privé on commence sérieusement à envisager le pire. Nous nous préparons à partir en vacances. Profitons-en. Car nos illusions ne survivront pas à cet été.


David Bescond pour Rebelles.info Par David Bescond - Publié dans : Dossier crise financière
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Publié dans politique

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