A/H1N1 : Empêchons le retour de la « grippe espagnole » !

Publié le par Enoch




A/H1N1 : Empêchons le retour de la « grippe espagnole » !

 


Par Karel Vereycken

24 mai 2009 (Nouvelle Solidarité) - Le 13 mai, un virologue réputé nous confiait avec émotion que l'humanité doit se préparer de toute urgence à l'arrivée, vraisemblablement à l'automne, d'une pandémie de grippe aussi grave que celle de la « grippe espagnole ».

Catastrophisme grotesque ? Conspiration des laboratoires pour relancer leurs ventes ? Hélas non, car à ce jour, toutes les informations disponibles nous obligent à reconnaître la réalité de cette inquiétante perspective, à un moment où les dictats du monde financier ont fragilisé les infrastructures de santé publique existantes.

Avec l'arrivée de cette pandémie dans un monde en contraction, apparaît la tentation monstrueuse d'un triage, entre pays riches et pauvres, entre personnes « stratégiques » et celles que l'on condamne à ne jamais le devenir.

S'exprimant au nom des financiers de la City, le Financial Times rapporte sans rougir que les Britanniques, après avoir sécurisé leurs propres capacités de production d'un vaccin en prévision d'une pandémie, ont habilement manœuvré pour éviter que l'OMS ne déclenche la « phase 6 » de l'alerte mondiale, se réservant ainsi toute latitude pour accaparer les médicaments avant les autres ! Pour le reste de la planète, ajoute le quotidien, « même en mobilisant toutes les capacités médicales disponibles », seulement « 30% de la population mondiale pourra disposer d'un vaccin » !

Si le souhait d'une réduction substantielle de la population mondiale revient assez souvent dans la bouche des élites d'outre-Manche, en France, pour l'instant, la décence oblige un Yves Cochet à le chuchoter en « off ». Notons cependant que l'OMS a énergiquement réfuté les allégations d'Adrian Gibbs, un chercheur australien de premier plan qui affirme que le H1N1 s'est échappé d'un laboratoire. Il n'est pas interdit de penser que quelques complices l'ont aidé à « se faire la belle ». D'ailleurs, cherchant à expliquer l'apparition du virus au Mexique, un chercheur nous souffla ce commentaire métaphorique : « Pour nettoyer sa maison, on commence par balayer devant sa porte. Et le Mexique est la porte des Etats-Unis. Je n'ai aucune preuve concrète d'une telle accusation, mais c'est ma conviction et je ne suis pas le seul dans mon domaine à le penser ».

La « grippe espagnole »

Examinons brièvement l'historique de la grippe espagnole. Au printemps 1918, ils sont peu de responsables à s'émouvoir de quelques cas de grippe détectés à Canton. Cependant, un bataillon de soldats américains stationné en Chine la ramène aux Etats-Unis, où elle se répand dans la région de Boston. Les premiers décès sont signalés dès la mi-septembre. Ensuite, l'envoi en Europe des forces armées américaines et des troupes coloniales d'Asie, qui transitent notamment par Bordeaux puis par Brest, facilite la propagation du virus sur le vieux continent. La rumeur est alors lancée que la maladie viendrait de boîtes de conserves importées d'Espagne, dans lesquelles des agents allemands auraient introduit des microbes. Et puisque l'Espagne (non impliquée dans la guerre) est le seul pays à publier des statistiques, la pandémie sera surnommée « grippe espagnole ».

Face à elle, une Europe affaiblie par quatre années de guerre, de malnutrition et d'effondrement sanitaire aura bien du mal à résister. Durant l'hiver 1918-1919, la pandémie se répand en deux vagues sur tous les continents, contamine un milliard d'individus (50% de la population mondiale) et provoque, selon les sources, entre 21 (Institut Pasteur) et 50 millions de morts (OMS), qui s'ajoutent aux 30 millions de morts de la Première Guerre mondiale. L'Inde et la Chine perdent chacune 6 millions d'habitants, les Etats-Unis en perdent 549 000, le Royaume-Uni 220 000, le Japon 250 000 et la France 408 000.

Mutations

C'est ainsi qu'une grippe bénigne s'est métamorphosée en grippe endémique. En se transmettant, le virus a gagné de vingt à trente fois en virulence ! Si la mortalité d'une grippe ordinaire est de 1 pour 1000, soit 0,1 % (tuant entre 200 000 et 500 000 personnes annuellement), la grippe espagnole en emporta 30 pour 1000, ou 3%. En termes de virulence, trois pandémies font référence : la grippe très sévère (A/H1N1) de 1918, la grippe « asiatique », moyennement sévère, de 1957 (H2N2) et la grippe moins sévère, dite de « Hong-Kong » (H3N2), de 1968 (deux millions de morts). Autre différence majeure avec la grippe saisonnière, qui tue dans 90% des cas des individus au-dessus de 65 ans : la grippe espagnole s'attaque pour l'essentiel aux 20-40 ans.

La vérité sur le Mexique

Or, que constate-t-on ? Le 11 mai, une équipe de chercheurs de l'OMS publie dans la revue scientifique américaine Science son bilan sur la situation mexicaine. L'enquête de terrain recense, vers le 25 avril, au moins 23 000 malades, soit dix fois plus que le nombre officiel reconnu par la hiérarchie de l'OMS à Genève !

A contrario, un chiffre plus élevé de malades implique une proportion moindre de décès par rapport au nombre de patients. Les chercheurs s'accordent alors sur un taux de mortalité entre 0,3 et 1,5%. Ils concluent que « sévérité clinique semble plus réduite que celle de 1918 mais comparable à celle constatée en 1957 ».

Les autorités sanitaires mexicaines indiquent deux groupes de population particulièrement exposés : les jeunes en bonne santé, qui meurent de pneumonie foudroyante, et ceux qui souffrent de maladies chroniques, notamment cardiovasculaires ou de tuberculose. Dans le village mexicain de La Gloria, d'où est partie l'épidémie, 61% des victimes sont des adolescents de moins de 15 ans ! Le directeur général adjoint de l'OMS, Keiji Fukuda, a lui aussi reconnu que « la moitié des morts sont des gens en bonne santé qui n'ont aucune prédisposition pour attraper la maladie. C'est un comportement différent d'une grippe ordinaire. »

Moyenne d'âge des victimes : 15 ans

Un article du Washington Post de David Brown, publié dimanche 17 mai, basé sur les évaluations d'experts américains du Center for Disease Control (CDC), confirme cette réalité, notant que le virus commence à se comporter « comme un mélange de ses prédécesseurs néfastes », telle « son ancêtre notoire, la grippe espagnole (...) L'aspect le plus inquiétant jusqu'ici est le nombre d'adolescents et de jeunes adultes touchés par la pandémie. On l'a constaté dès le début, mais ce profil se maintient après avoir identifié et confirmé par des analyses médicales plus de 5000 cas. L'âge moyen des cas confirmés et probables est de 15 ans. Les deux tiers des cas ont moins de 18 ans. »

Le quotidien poursuit que « bien qu'on manque de données pour conclure, sur les 174 personnes hospitalisées, plus de la moitié appartient au groupe d'âge entre 5 et 24 ans ». Pour expliquer ce phénomène, les chercheurs formulent l'hypothèse que le système immunitaire d'un individu se familiarise peu à peu avec une vaste panoplie de virus contre lesquels il développe des rudiments de défense immunitaire, ce qui, tout comme en 1918, fait cruellement défaut aux jeunes.

La France se réveille

En France, l'épidémiologiste Antoine Flahaut, qui préside l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) de Rennes, ne croit pas au scénario de type grippe espagnole mais reconnaît que 35% des Français pourraient attraper le H1N1, ce qui pourrait se traduire, selon lui, par 30 000 morts en France, c'est-à-dire cinq fois plus que pour une grippe saisonnière.

Dans un entretien avec Le Progrès, le virologue Bruno Lima, qui dirige le Centre national de référence de la grippe (CNRG) de Lyon, partage ce diagnostic, tout en prédisant « l'affolement » qui éclatera « quand il va y avoir le premier mort en France, surtout s'il est jeune et en bonne santé ».

Parlant à Helsinki, le 18 mai, le virologue Albert Osterhaus brise le consensus en affirmant que le monde devrait se préparer à affronter une pandémie semblable à celle de la grippe espagnole de 1918. Comme tous les spécialistes, il craint que la grippe A/H1N1 continue à muter et se recombine avec des souches de la grippe aviaire H5N1 ou d'autres, notamment lors de son arrivée dans l'hémisphère nord cet automne.

« Le virus a trois options », résume ce célèbre professeur du laboratoire Erasmus de l'université de Rotterdam, aux Pays-Bas. « Il pourrait tout d'abord disparaître spontanément, mais je ne suis pas convaincu que ce soit le cas. (...) Il pourrait aussi entraîner une pandémie douce, comme la grippe asiatique » (en référence à l'épidémie de 1957-1958, qui avait tué entre un et quatre millions de personnes].

Cependant, poursuit-il, « dans un scénario catastrophe, nous aurions une grave pandémie, similaire à la grippe espagnole, qui pourrait provenir de la mutation du virus (...) Je ne prédis pas que cela va arriver, mais même s'il n'y avait que 10% de chances d'avoir un scénario comme celui-là, nous ferions mieux d'être préparés ».

A ce jour, l'économiste américain Lyndon LaRouche est le seul responsable politique à avoir publiquement répondu à l'appel des virologues : « Comment pouvons-nous savoir qu'il ne s'agit pas d'un retour de la grippe espagnole ? s'interrogeait-il le 13 mai. Il n'existe aucune preuve significative en ce sens. Aussi, en attendant d'en savoir plus, nous devons agir comme s'il s'agissait d'un retour de cette grippe. Jusqu'ici, rien ne nous permet de dire qu'il ne s'agit pas d'un remake de la grippe espagnole, ou pire encore ! »

Depuis 1973, LaRouche souligne le lien entre baisse du niveau de vie, coupes dans les budgets de santé publique et apparition des pandémies. Sauver une vie, ou découvrir comment la sauver, n'est jamais optionnel, car si on refuse de le faire, on se prépare en quelque sorte à commettre l'irréparable, comme les Nazis ont fini par le faire.

C'est donc une mobilisation d'urgence qui s'impose pour combattre la pandémie :

Publié dans Santé

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