Le Canard sans tête bruxellois

Publié le par Enoch

Par Nicolas Dupont-Aignan le dimanche, février 22 2009, 15:37 - Lien permanent

Depuis le début de la crise, j'ai fait preuve de prudence face aux déclarations des dirigeants européens qui, la main sur le cœur, n'ont eu de cesse d'affirmer qu'ils feraient tout ce qu'il faut pour juguler crise, au besoin en remettant en cause les sacro-saints dogmes du Pacte de Stabilité.

Prudence car, à y regarder de plus près, on voyait bien que la Commission de Bruxelles, qui se montrait plus discrète que résignée, lançait un autre son de cloche, acceptant provisoirement, à la manière d'un célèbre personnage de Molière, de fermer les yeux sur « ces déficits qu'elle ne saurait voir... »

Mais chassez le naturel, il revient au galop, et même s'agissant de la Commission européenne, au triple galop. Il n'a pas fallu deux mois pour que les docteurs de la foi de Bruxelles et Francfort émettent des réserves, puis des mises en garde contre les plans nationaux de sauvetage des banques, rendus indispensables par l'incurie d'une Union à 27 hélas incapable de relever le défi historique d'une réaction coordonnée face à l'une des pires catastrophes économique que le monde ait jamais connu.

Alors bien sûr, des chroniqueurs bien-pensants nous ont depuis expliqué qu'il fallait en chercher les responsables parmi les dirigeants ultralibéraux et eurosceptiques comme Vaclav Klaus, le président de la République tchèque actuellement en charge de la présidence tournante de l'UE. Mais c'est surtout pour mieux exonérer l'aveuglement idéologique d'instances communautaires toutes-puissantes et irresponsables, véritable nœud gordien du problème.

Et puis, en quoi les divergences entre pays européens peuvent-elles être tenues responsables des bâtons dans les roues mis systématiquement par les autorités bruxelloises dans la politique des Etats pour endiguer le cercle infernal de la crise ?

Après avoir chipoté sur l'aide aux banques, la Commission a vite repris du poil de la bête en contestant les aides sectorielles à l'économie réelle, comme le plan d'aide à l'automobile française, accusé de favoriser les emplois et les industries de notre pays. Pensez donc : que l'argent des Français serve prioritairement aux Français, voilà qui constitue une hideuse manifestation de nationalisme !

Enfin, une procédure pour déficits excessifs a été enclenchée mercredi dernier par le Commissaire (on a envie d'ajouter « du peuple ») aux affaires économiques et monétaires contre six pays, dont la France. Bien sûr, Christine Lagarde et Eric Woerth ont protesté... en pure perte. Ils contestent tout deux l'analyse de la Commission, qui est certes contestable mais qui, conformément aux traités européens signés et contresignés par leurs amis depuis vingt ans, donnent au collège bruxellois un pouvoir sans limite pour taper sur les doigts des Etats. Mais pourquoi ne pas avoir réfléchi à deux fois avant de signer ces traités ? Pourquoi ne pas avoir médité avant la fameuse formule de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes » ?

Au chapitre de la stabilité financière, il est bien évidemment absurde de mettre la France dans le même panier que l'Espagne, le Portugal et la Grèce. Rapporté par le blog de Jean Quatremer, peu suspect d'euroscepticisme, une étude de l'agence américaine de notation Moody's classe la France parmi les pays les plus capables de supporter et rembourser leurs dettes, loin devant la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ou l'Espagne (pour ne parler que de ces pays)...

Mais Bruxelles, l'œil rivé sur ses graphiques plus ou moins arbitraires, n'en a cure. Même désavouée par la réalité, elle continue à professer l'absurde, tel un canard sans tête qui continue à marcher sans but.

Lorsqu'il était parti plaider la cause du livret A au sein des instances communautaires, en pure perte là aussi, un ministre français, exaspéré par la rigidité de ses interlocuteurs, s'était exclamé : « Fichez nous la paix ! » (AFP, 3 octobre 2006).

En proposant aux Français des listes gaullistes Debout la République pour les élections européennes de juin, nous voulons seulement donner à la France les moyens de joindre un geste efficace à la parole avisée de ce ministre. Pour que le canard sans tête cesse enfin sa course vers le néant.

 

Nicolas Dupont-Aignan

Président de Debout la République

Publié dans politique

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